
Un autre nom pour expliquer ce phénomène courant : "le facteur de déplacement".
C'est en 1975 qu'Albert Shapero rédige un article intitulé "The displaced, unconfortable entrepreneur" dans Psychology
Today. Il présente un "modèle" de l'entrepreneuriat, c'est-à-dire un schéma illustrant les différentes dimensions qui interviennent et leurs relations. Il identifie les différentes variables psychologiques, sociologiques, économiques qui peuvent conduire un entrepreneur potentiel à passer à l'acte. A ces variables l'auteur ajoute une variable de situation, appelée discontinuité ou déplacement.
Les variables de
situation peuvent être des situations ressenties comme négatives : des déplacements,
comme le cas des populations réfugiées, ou des discontinuités comme un
licenciement, un changement de patron mal vécu, l’impossibilité de trouver un
premier emploi…. Ces éléments négatifs représentaient 65% des cas rencontrés
par l’auteur à l’époque.
Les situations positives peuvent être la découverte
d’un nouveau produit ou d’un nouveau marché, la rencontre d’un partenaire, une
possibilité de financement.
Le plus souvent des facteurs positifs et négatifs
se combinent. Ils peuvent être imposés de l’extérieur ou simplement ressentis
comme tels. Le terme de « facteur de déplacement » est aujourd’hui souvent
utilisé de manière simplifiée pour désigner cette variable.
L’analyse a montré que ce facteur
de déplacement peut être interne, en l’absence de facteur identifiable
extérieurement, comme le sont les ruptures professionnelles ou géographiques
(A. Shapero, L. Sokol, 1982, p. 81) :
« les déplacements sont parfois internes à l’entrepreneur, dans le sens où ils ne sont générés sans aucune autre référence que le temps qui passe ».
Ainsi les « anniversaires traumatisants »
ou les « nombres magiques »,
poussent à réaliser un bilan de vie et à agir avant qu’il ne soit trop tard. De
même, un déplacement positif peut être constitué de la proposition de
partenariat par un ami, collègue, ou même client, qui vont déclencher la
décision entrepreneuriale, alors qu’aucun projet n’existait auparavant. C’est
la perception et l’interprétation personnelle des circonstances rencontrées qui
seront alors déterminantes, autrement dit la façon dont seront traitées
cognitivement les informations et expériences rencontrées.
Donc le fameux coup de pied...ne serait qu'une vue de l'esprit
avec des effets bien réels !
* Dessin : FB